Qui n’a pas eu de jouets, aussi modestes soient-ils, devenant durant de longues heures les acteurs héroïques de notre théâtre intérieur ? C’est à eux que se confie Claude Debussy pour mieux saisir ce qui le relie à son passé et nous faire entendre sa musique plus directement encore. Un témoignage poignant au parfum de guerre et d’enfance, où les boîtes à joujoux sont en effet des sortes de villes dans lesquelles les jouets vivent comme des personnes. Ou bien les villes ne sont peut-être que des boîtes à joujoux dans lesquelles les personnes vivent comme des jouets ! Subversif à souhait pour toutes les époques et indispensable comme clé d’écoute de toute l’œuvre de Debussy.
Plan de montage du décor réalisé par le classe de CAP mécanique auto du lycée C.Jenatzy
Méfions-nous des discours qui endorment ! Qu’est ce que l’animal nous dit de nous -mêmes ? Partant du Souriceau stupide,opus 56 opéra miniature composé par Chostakovitch en 1939 qui met en garde contre les discours qui endorment, nous avons proposé à des amateurs de 6 à 100 ans et de jeunes musiciens professionnels de poursuivre cette réflexion à travers un projet de création collective Pas si bête!
Les ateliers menés pendant six mois dans une dizaine d’établissements cherchent à ouvrir la réflexion le plus largement possible, du CP à l’Ehpad en passant par le Choeur des Grandes Ecoles et un foyer de vie pour personnes en situation de handicap psychique. Tout le travail mené dans ces ateliers consiste à créer les conditions pour permettre à chacun de faire entendre la musique qu »il a en lui. Et d’être en mesure de l’entendre.
Un exemple : Dernier atelier dans la classe de CAP mécanique automobile du lycée Camille Jenatzy, Après avoir fait des jeux rythmiques avec les klaxons, nous allons au foyer où un piano est à disposition des élèves. Rares sont ceux qui s’aventurent. Cette fois, presque tous ont accepté de jouer, ne serait-ce qu’une note. Brindhan, un jeune tamoul, nous joue une mélodie, une mélodie de son enfance. Franck Krawczyk , compositeur et pianiste, la rejoue de mémoire et, l’associant à une mélodie de Schubert, en change une note sans s’en rendre compte. Brindhan réagit immédiatement. – Non c’est pas ça, tu vois, il faut repasser par le centre. Franck K. la rejoue alors avec la bonne note, Brindhan retrouve son sourire. Une seule note fausse et c’est le centre qui avait été manqué, autrement dit, toute chance d’un contact profond avec lui.
Au fil des ateliers, quantité de matériaux ont ainsi été proposés aussi divers et surprenants que les 170 personnes que nous avons rencontrées pendant ces six mois.
En résidence au Théâtre des Bouffes du Nord la semaine prochaine, nous tisserons la toile de ces expériences vécues avec chacun d’eux. avec Ecole élémentaire Lépine (Paris 18e) classe CP/ CE1 Collège Marie Curie (Paris 18e) classe UPE2A Lycée des métiers Camille Jenatzy (Paris 18e) classe CAP 1ere année mécanique automobile Microlycée (Paris 14e) Lycée des métiers Jules Verne de Sartrouville 1ere année de DN MADE costumes et accessoires Foyer de vie Camille Claudel (Paris 20e) EHPAD Les Quatre Saisons (Bagnolet) Conservatoire du IXe, ensemble vocal COGE (Choeurs et Orchestre des Grandes Ecoles) Les planches à musique, ensemble instrumental des participants des éditions précédentes Tiphaine Chevallier soprano Marion Vergez-Pascal mezzo-soprano Andoni Etcharren baryton-basse Atsumi Fukuda basson Viola Paço piano Franck Krawczyk clavier et accordéon
Plein Jour poursuit son exploration des opéras de Mozart affranchie des codes de la représentation pour proposer au public le plus large possible d’entrer de plain pied et au présent dans les chefs d’oeuvre.
Ce travail mené avec des jeunes artistes en voie de professionalisation est l’occasion d’une appropriation personnelle de la partition. Les airs et les ensembles sont chantés en italien, les récitatifs sont remplacés par des dialogues en français.
Avec L’affaire Clemenza, le compositeur Franck Krawczyk saisit sur le vif Wolfgang Amadeus Mozart le jour du jugement du procès que lui a intenté son protecteur pour dettes.
Au cours de la discussion qu’il a avec ses amis inquiets de ses problèmes personnels – dettes, surmenage, maladie – vie et œuvre se confondent, les airs et ensembles de la Clémence de Titus témoignant des états émotionnels du compositeur, à la manière d’un journal intime.
Pour cette adaptation de l’opéra pour piano et clarinette, Franck Krawczyk et Plein Jour invitent ainsi de jeunes chanteurs professionnels à s’emparer de l’œuvre dans l’esprit d’une création.
Berg-Bartók-Ustvolskaya ou la nostalgie de la modernité
Dans l’opposition récurrente des anciens et des modernes visant à discréditer l’un au profit de l’autre, nous négligeons la possibilité d’entendre la tension de l’un vers l’autre, voire la présence de l’un dans l’autre.
Dès lors, comment ne pas percevoir, dès les premières mesures de Berg, l’esprit désinvolte de la première école de Vienne (Mozart-Haydn-Beethoven) dans les mains rigoureuses de la seconde (Schoenberg-Berg-Webern), ou bien chez Bartók, à travers le souvenir de la ruralité hongroise, l’exaltation de la découverte du jazz et de New York ? Et au cœur de la musique d’Ustvolskaya, comment pourrions-nous ignorer le questionnement abstrait de l’espace religieux au temps dur du réalisme soviétique ?
C’est comme si agissait en eux, un jeu de tension sans résolution entre la forme et le langage, laissant ce conflit loin derrière tant leur prodigieuse oreille a su déceler depuis l’enfance toute la modernité des anciens dans l’écoute de la musique de leur temps.
Franck Krawczyk
Alban Berg Quatre pièces op.5 pour clarinette et piano Adagio du Kammerkonzert, transcription de l’auteur pour violon, clarinette et piano
Béla Bartók Contrasts Sz 111 pour clarinette, violon et piano
Dans le cadre du festival Au fil de l’onde organisé par la Maison Dutilleux, Franck Krawczyk interviendra le vendredi 29 octobre de 14h30 à 17h lors de la journée d’études intitulée Le compositeur dans la cité.
L’oreille harmonique d’Henri Dutilleux par Franck Krawczyk, compositeur :
« Déchiffrant devant le Maître, au soir de sa vie, une de ses mélodies de jeunesse qu’il continuait d’affectionner, je fis une erreur de lecture. « Non mon cher, ceci n’est pas de moi mais de vous! » dit-il avec une subtile gentillesse.
S’en suivit une très longue discussion sur le sentiment harmonique, l’oreille et ses influences, et surtout sur ce « moi » et ce « vous » qui n’ont dès lors jamais cesser de se confondre dans le temps qui passe depuis sa disparition.
Loin de toute idée d’explication, j’aimerais pourtant rouvrir avec vous, l’espace d’un instant, un peu de ce moment. »
D’après un épisode de la vie de Mozart et La Clémence de Titus
Plein Jour / Direction musicale : Franck Krawczyk
Plein Jour s’engage dans un projet de création pour soutenir l’activité de jeunes chanteurs aussi dans le contexte de la crise sanitaire.
Avec des partenaires comme Insula Orchestra et la Ville de Sarcelles, un compositeur et une équipe artistique invitent le plus grand nombre possible de jeunes chanteurs à s’emparer d’une œuvre majeure du répertoire lyrique – La Clémence de Titus de Mozart – pour en proposer une nouvelle dramaturgie L’Affaire Clemenza, qui remet l’énergie des répétitions et de la représentation dans un contexte de création.
Ce projet a pour ambition de révéler leurs capacités d’innovation, d’adaptation et d’incarnation d’un rôle, les deux distributions étant issues de formations prestigieuses telles l’Académie Philippe Jaroussky, le Département Supérieur pour Jeunes Chanteurs du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris et le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Les premières représentations auront lieu dans l’écrin de La Petite Seine sur l’Ile Seguin puis à l’auditorium Gérard Grisey de Sarcelles, offrant à chaque distribution la joie de chanter Mozart aujourd’hui, dans l’esprit d’une création.
Vitellia/ Prince Lichnowsky soprano Margaux Poguet,Apolline Rai-Westphal
Servilia / Mlle de Destary soprano Camille Chopin, Morgane Kypriotti
Sesto/ Mozart mezzo-soprano Lise Nougier, Mathilde Ortscheidt
Annio/ Constance mezzo-soprano Flore Royer, Marion Vergez-Pascal
Tito/ Prince Galitzine ténor Arnaud Rostin-Magnin, Abel Zamora
Publio/ Vladimir baryton-basse Pierre Chastel, Adrien Fournaison
Mozart Antoine Bretonnière, Faustine Rousselet
Clarinette/ cor de basset Carjez Gerretsen, Pierre Ragu
Piano Franck Krawczyk, Vjola Paço
Lumières Kelig Le Bars
29 et 30 juin 2021 La Seine Musicale / Ile Seguin 4 et 5 février 2022 Auditorium Grisey / Sarcelles
LE JEUNE HOMME ET LA MORT Chorégraphie : Roland Petit (remonté par Luigi Bonino) Livret : Jean Cocteau Danse : Marie-Agnès Gillot et Antonio Conforti Musique : Jean-Sébastien Bach, Passacaille en do mineur, orch. F. Krawczyk Insula orchestra Laurence Equilbey, direction Éléments scéniques d’après : George Weick Costumes : Karinska Lumières : Jean-Michel Désiré
Création le 25 juin 1946 au Théâtre des Champs- Elysées Coproduction STS EVENEMENTS – La Seine Musicale / Insula orchestra Remerciements à l’Opéra National de Paris